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L’organisation du dojo et son sens symbolique

 

Le cœur du dojo

La tradition du dojo de karaté est issu directement de l’ancienne tradition du sabre japonais, la discipline martiale traditionnelle du Japon guerrier. Le dojo n’est pas un gymnase, ni une salle ordinaire. Quand on entre dans un dojo, on doit savoir où se trouve son « cœur », c’est-à-dire le symbole qui le représente, petit temple qu’on appelle Kamiza, idéogramme, ou même sabre traditionnel. Aucune photo ne prend place dans l’espace dojo pour éviter la personnalisation, alors que le salut Shomen invite à une démarche plus profonde qu’un simple salut de respect aux anciens symbolisé par un petit temple au mur. On dit souvent qu’il faut entrer du pied gauche dans un dojo, mais en fait, il faut toujours se tourner face à ce cœur, comme pour lui présenter le vôtre. On n’entre en tout cas pas dans un dojo sans concentration, avec désinvolture. L’esprit et le cœur doivent être déjà sollicités, « réveillés ». Si le symbole est en face de la porte, c’est par le pied gauche qu’on entre, car c’est la position qui met le cœur en avant. Si il est à droite, c’est la même chose on entre avec le pied gauche. Si il est à gauche de la porte, alors on entre avec le pied droit, pour ne pas lui tourner le dos. Il faut éviter qu’il soit placé derrière celui qui entre dans le dojo, introuvable au regard. On ne tourne pas le dos au cœur du dojo.

 

 

 

L’organisation des pratiquants

C’est une organisation ancienne et chargée de symbole. Le Sensei se place dos au Kamiza, face au sud, baigné de la pleine lumière, symbole de connaissance et de force, qu’il est capable d’assumer et de transmettre. Etre accueilli à côté du Sensei, ou du côté des assistants, est une marque de grand respect et de confiance. En face de lui, le shimoza (côté bas), dos au sud pour protéger de la pleine lumière celui qui n’est encore qu’apprenti, reçoit la ligne des élèves, les plus anciens à l’est, de plus en plus pleinement touchés par la lumière du soleil à mesure qu’ils montent en grade et en expérience et remontent cette ligne du bas vers le haut, de l’Ouest vers l’Est. Les plus jeunes, les débutants sont donc installés à l’ouest, dans l’ombre protectrice des plus avancés. Les anciens du dojo et les assistants sont placés sur la ligne de l’Est, dans la lumière du soleil levant, signe de leur capacité. Cette ligne à gauche du sensei s’appelle Jozeki.

 

La ligne à droite du sensei peut accueillir les grands débutants, mais aussi des spectateurs, des visiteurs acceptés dans le dojo. Dans une conception traditionnelle, cette ligne appelée Shimoseki, épargnée par le plein éclat symbolique du soleil, est en fait celle où on voit le moins bien. De sorte que, même admis à participer à l’entraînement, les secrets du dojo sont en partie masqués. Cela nous parle des temps guerriers où le secret était primordial. Des enjeux anciens, mais qui doivent être compris et respectés dans l’organisation du salut pour rappeler la valeur de ce qui est étudié. Idéalement la porte du dojo doit être derrière le Shimoza, ou derrière le Shimoseki.

 

Le salut

Notre triple salut nous vient directement de la tradition du Iai et à travers lui des croyances shinto japonaises. Le « shomen » du premier salut, « Shomen-ni-rei » -littéralement, le salut à ce qui est en face – est une porte ouverte sur la spiritualité traditionnelle. C’est le « grand tout » des kami devant lequel se tient le sensei, « celui qui sait avant la naissance », qui s’incarne en quelque sorte à travers lui. C’est pourquoi cela n’a rien à voir avec le respect que l’on doit aux anciens du dojo, dont les portraits au Japon, ornent en général les murs en dehors de la salle de pratique.Le second salut, « Sensei-ni-rei », comme son nom l’indique, est le salut au sensei, littéralement « celui qui connait avant la naissance », qui ne doit logiquement pas s’incliner à cette occasion, sinon pour rendre le salut à ses élèves.« Otagani-ni-rei » est le salut du groupe, « tous ensemble / tout ensemble ». C’est un salut collectif, un appel à fédérer et à nouer ensemble les énergies individuelles, mais aussi un appel aussi à réunir en soi les énergies, à fédérer l’esprit, la technique et le corps dans le travail, selon la formule traditionnelle Shin – Gi – Tai.

 

(Article de la FFKDA)

 

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